comme c'est beau
Comme c'est beau
ce qu'on peut voir comme ça
à travers le sable à travers le verre
à travers les carreaux
tenez regardez par exemple …
comment ça vous ne voyez rien !
mais enfin, regardez !
ce paysage écrasé de chaleur
séché au vent du désert
Et l'arbre là-bas
brûlé par ce soleil de plomb
ne voyez-vous le corps qui se balance
pendu à la branche
la noirceur de sa peau
les zébrures de fouet sur son dos
et les silhouettes masquées encapuchonnées
qui s'éloignent dans la poussière et le vent
et les oiseaux noirs en vol tournoyant;
Et puis cette dame, au profil élancé
drapée dans sa cape noire
ne me dîtes pas que vous ne la voyez pas !
elle est belle n'est-ce pas ?
je l'aime
ses doigts squelettiques me font signe
promesse de caresses voluptueuses
je vais vers elle, les mains tendues
oh ! mes mains toutes rouges poisseuses
elles essuient la sueur sur mon front
et me barbouillent les joues
d'un sang qui n'est pas le mien
et ce couteau ?
vous le voyez ce couteau
sa lame aiguisée tranchante
qui transperce les chairs
et fait gicler des fontaines enivrantes
la petite fille, là, vous la voyez là, là
elle criait, criait, criait ...
-
Hmm !, je vois …
-
Ah ! Vous voyez, Docteur, comme c'est beau
oh non, ne partez pas, restez encore un peu
vous n'avez pas encore tout vu !…
Le Docteur sortit
referma la lourde porte
de la cellule capitonnée
claqua le verrou
et s'en alla.
P.S. écrit pour Kaléïdoplumes (consigne: continuer la chanson du vitrier)