Rag, le chat
- Dites-donc, Madame Sable, une partie de la planète crève de faim, de soif, des gens couchent dehors, meurent de froid, faute de logement.
Il y a la guerre, les épidémies, les réfugiés, les expulsés, les torturés, et vous, face à tant de misère, vous osez pleurer la mort d’un chat ! ? -
- eh bien oui, parfaitement, j’ose !
Raghnarok c’était mon pote.
C’était surtout le copain, le confident, l’ami, le gros chat tout doux de " La Ronce ", et je suis aussi profondément triste pour elle.
Vole, mon Rag, vole, la caresse du vent léger dans ta fourrure, sois libre et heureux au royaume des chats gentils, des rêves multicolores et des herbes folles.
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Poème de Neruda, offert par Colo, en commentaire. Je le partage avec vous.
Le chat
seul le chat
quand il apparut
était complet, orgueilleux.
parfaitement fini dès la naissance
marchant seul
et sachant ce qu’il voulait.
L’homme se rêve poisson ou oiseau
le serpent voudrait avoir des ailes
le chien est un lion sans orientation
l’ingénieur désire être poète
la mouche étudie pour devenir hirondelle
le poète médite comment imiter la mouche
mais le chat
lui
ne veut qu’être chat
tout chat est chat
de la moustache à la queue
du frémissement à la souris vivante
du fond de la nuit à ses yeux d’or.
Il n’y a pas d’unité
comme lui
ni lune ni fleur dans sa texture:
il est une chose en soi
comme le soleil ou la topaze
et la ligne élastique de son contour
ferme et subtil
est comme la ligne de proue d’un navire.
Ses yeux jaunes
laissent une fente
où jeter la monnaie de la nuit ....
Merci Colo
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