lettre à Juliette, ma grand-mère
Un an déjà, ou presque. Les fleurs jaunes sont toujours là, rien ne change.
Enfin si !
Je ne pensais pas revenir aussi vite, mais tu en as finalement décidé autrement.
Je l'ai bien compris ton p'tit jeu ! personne n'est dupe dans la famille.
Reprendre sous ton aile une fratrie que tu as laissée trop vite. Presque quatre vingts ans que tu les appelles tes mômes, que tu les veux près de toi.
Au fil du temps, je dois dire que tu t'es bien débrouillée.
Et aujourd'hui encore, tu viens récupérer " ton p'tit Marcel ", celui qui ne t'a jamais vraiment connue ou alors si peu, celui qui a probablement le plus souffert de ton absence, qui n'a jamais compris les saloperies du destin.
Il te rejoint, tant mieux pour lui, je crois même qu'il le souhaitait depuis longtemps.
Vous allez pouvoir rattraper les années perdues, parler du pays et du temps qui passe. Retrouvailles paisibles, pleines de tendresse et de joie.
Juliette, ma chère grand-mère, j'ai quand même quelque chose à te demander :
De tous tes enfants il en reste encore un parmi nous.
Alors, voilà, si tu pouvais nous le laisser encore un peu, voire même, sois sympa, encore longtemps, cela nous arrangerait bien !!! et lui aussi d'ailleurs !!!
Tu es d'accord ? oui ? ok tope là !
Au revoir Marcel !
embrasse Juliette, donne le bonjour à mon père
et que le souffle du Joran t'accompagne dans ton dernier voyage !
...
à Marcel Guignard 1932 - 2012, mon oncle.
Chevry ( Pays de Gex 01 ) le 21 juin 2012
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